LEO BUD WELCH: I Don’t Prefer No Blues (2015
A quatre vingt trois ans, certains rêvassent dans leur rocking-chair. D’autres, comme Leo Bud Welch, sortent un disque. Un disque de quoi ? De blues, évidemment. De ce blues profond et rugueux, venu tout droit de l’embouchure du Delta du Mississippi pour nous remuer les tripes. Leo Bud Welch possède une voix blues par excellence et un jeu de guitare puissant qui alterne rythmiques en accords et riffs acérés. On est tout de suite mis dans l’ambiance avec l’incantatoire « Poor boy » qui nous ramène à l’époque des spirituals et du blues rural chanté par les esclaves dans les champs de coton. La force de ce titre réside dans sa simplicité (la seule voix de Leo, quelques chœurs, une basse et une caisse claire discrètes). On appréciera aussi le très « swamp » « Girl in the holler » et ses guitares rythmiques affûtées ainsi que « I don’t know her name », un jump blues avec un riff de guitare nerveux et tranchant. Le blues traditionnel se taille la part du lion avec « Goin’ down slow » (un blues lent), « So many turnrows » et « Sweet black angel ». « I woke up » (dans le style de « Crosscut saw »), le shuffle « Cadillac baby » et « Pray on » (un rock'n roll qui balance) tirent également leur épingle du jeu. Á l’écoute de cet album, on ne peut que saluer le sens inné de la rythmique et du riff blues de Leo Bud Welch. D’ailleurs, sur scène, il joue tout seul et il paraît que ça déménage. Un très bon disque fait par un vieux mais qui refile un coup de jeune !
Olivier Aubry